Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/41

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— C’est bien, partons, alors.

Ils passèrent, peu après, par une grande lande aride où il n’y avait que de la fougère et de l’ajonc maigre ; et pourtant on voyait couchées parmi la bruyère et l’ajonc deux vaches grasses et luisantes. Cela étonna le prince, qui dit :

— Voilà des vaches bien grasses et bien luisantes, sur une lande où elles ne trouvent rien à brouter !

Son beau-frère ne répondit pas ; mais, les vaches dirent :

— Dieu vous bénisse !

Et ils continuèrent leur route. Ils passèrent, alors, par une belle prairie où il y avait un pâturage excellent, et, au milieu de l’herbe, qui leur allait jusqu’au ventre, on voyait deux vaches, mais si maigres, si maigres, qu’elle n’avaient que les os et la peau. Et le prince, en voyant cela, dit

— Voilà deux vaches bien maigres ; et pourtant elles sont dans l’herbe jusqu’au ventre !

— Dieu vous bénisse ! lui dirent les deux vaches, comme les deux autres ; mais, le beau-frère du prince ne dit rien.

Et ils continuèrent leur route. Un peu plus loin, ils passèrent par un chemin profond et très-ëtroit, où deux chèvres se heurtaient la tête l’une