Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/414

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partit, un matin, dans son carrosse, sans dire à personne où il allait, et se rendit à la forêt. Il reconnut facilement l'endroit, et il se coucha sous l'arbre, comme son vieux serviteur ; mais, il ne dormit pas. A minuit, il entendit un grand bruit d'ailes, au-dessus de sa tête, puis une voix qui disait :

— Eh bien ! camarades, le valet du fils du roi de France, qui avait entendu notre conversation et l'a révélée à son maître, est venu se chauffer chez nous, comme je vous l'avais prédit ; et le prince lui-même viendra aussi, je l'espère bien, sans tarder. Il n'y a qu'un moyen pour lui de l'éviter et de délivrer son fidèle serviteur, qu'il regrette tant, à présent.

Le prince était tout oreilles, en ce moment, je vous prie de le croire ; l'autre reprit :

— Il lui faudrait égorger son fils unique, qu'il aime tant, pendant la grand'messe, en recueillir tout le sang, dans un vase, arroser la statue de marbre, qui fut son serviteur, avec ce sang, puis, remettre ce même sang dans la bouche de l'enfant, et le coucher dans son berceau. La statue se ranimerait peu à peu, à mesure qu'on l'arroserait de sang, et, avant la fin de la grand'messe, le valet du prince serait complètement revenu à son premier état ; l'enfant lui-même ressusciterait, peu après, et se retrouverait aussi sain et aussi bien