Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/42

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

contre l’autre, et si violemment, que le sang en jaillissait autour d’elles.

— Jésus ! s’écria le prince, voilà deux pauvres bêtes qui se tueront ! Comment passerons-nous ? Elles obstruent tout le passage.

Son beau-frère ne répondait toujours point ; mais, les deux chèvres aussi dirent : « Que Dieu vous bénisse ! » Et elles cessèrent de se battre, et les deux voyageurs purent passer, sans mal.

Plus loin encore, ils arrivèrent à une vieille église en ruine, et y entrèrent. Elle était pleine de monde, mais, c’étaient tous des morts, et il n’en subsistait que les ombres seulement.

— Me répondrez-vous la messe, puisque vous êtes chrétien ? demanda au prince son beau-frère.

— Je le veux bien, répondit-il, bien étonné ; mais il n’était pas peureux.

Et l’autre revêtit, alors, des habits de prêtre, puis il monta à l’autel et se mit à célébrer la messe, comme un véritable prêtre. Quand il fut à l’élévation, il se mit à vomir des crapauds et autres reptiles hideux..., et tous les assistants faisaient comme lui.

Quand la messe fut terminée, tous ceux qui étaient dans l’église, le prêtre à leur tête, vinrent au prince, et lui dirent :

— « Vous nous avez délivrés ! merci ! merci ! » Puis ils s’en allèrent.