Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/431

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nière à mener à bout une si périlleuse entreprise. Le bossu résistait et répondait toujours d’une façon évasive. Mais, la curiosité du roi et ses instances augmentaient, chaque jour. Il en vint à accuser son ami et son sauveur de ne pas l’aimer et de comploter même contre sa vie.

Le bossu, bien qu’il connût parfaitement la conséquence funeste du secret qu’il allait trahir, lui dit alors :

— Puisque ce secret vous rend malheureux et injuste au point de douter de mon amitié pour vous, je vais vous le faire connaître ; mais, vous le regretterez bientôt.

Il lui dit tout. Et, à mesure qu’il parlait, la moitié inférieure de son corps se changeait en marbre : ses pieds d’abord, puis ses jambes et ses cuisses ; et quand il unit de parler, il était pétrifié jusqu’à la ceinture, et le feu sortait de sa bouche, de ses narines et de ses yeux. Il était effrayant à voir !

La douleur du roi fut grande de voir l’état dans lequel sa curiosité avait mis son meilleur ami. Il le visitait plusieurs fois par jour, et pleurait à la vue de ses souffrances. Il fit venir tous les médecins, magiciens et sorciers de son royaume. Personne n’y pouvait rien. Il était au désespoir.

L’idée lui vint d’aller passer une nuit au bois