Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/438

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noir, et, quand ils furent auprès, Iouenn cria à ceux qui le montaient :

— Pourquoi êtes-vous ainsi tendus de noir ? Vous est-il arrivé quelque malheur ?

— Oui, il y a malheur assez ! lui répondit-on.

— Qu’est-ce donc ? Parlez, et si nous pouvons vous être utiles, ce sera avec plaisir.

— Il y a un serpent qui habite dans une île, près d’ici, et, tous les sept ans, il faut lui livrer une princesse du sang de notre famille royale.

— La princesse est-elle avec vous ?

— Oui, elle est avec nous et nous la conduisons au serpent, et voilà pourquoi notre navire est tendu de noir.

Iouenn, à ces mots, monta sur le navire tendu de noir et demanda à voir la princesse. Quand il vit combien elle était belle, il s’écria :

— Cette princesse ne sera pas la proie du serpent !

— Hélas ! répondit le maître du navire, il nous faut la lui conduire, ou il mettra tout le royaume à feu et à sang.

— Je vous dis qu’elle ne sera pas conduite au serpent, et qu’elle viendra avec moi. Je vous donnerai en échange beaucoup d’argent, et vous pourrez acheter ou enlever, quelque part ailleurs, une autre princesse, que vous livrerez au serpent.

— Si vous nous donnez assez d’argent...