Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/442

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui fut fait. Iouenn fit alors ses adieux à sa femme, embrassa tendrement son enfant, et mit à la voile. Il fut jeté par le vent, sans qu’il en sût rien, dans la ville où habitait le père de sa femme. Les gens de la ville accoururent pour voir son navire, et, quand ils virent les trois portraits sculptés à l’avant, sous la misaine, ils reconnurent dans l’un d’eux la fille de leur roi, et allèrent en avertir celui-ci. Le roi courut aussitôt au navire, et, dès qu’il vit le portrait, il s’écria :

— Oui, c’est bien ma fille ! Serait-elle donc encore en vie ? Il faut que je m’en assure, à l’instant.

Et il demanda à parler au capitaine du navire. Quand il vit Iouenn, il reconnut facilement que c’était l’homme dont le portrait se trouvait avec celui de sa fille, à la proue du navire, et il lui dit :

— Ma fille est sur votre navire, capitaine ?

— Excusez-moi, seigneur, lui répondit Iouenn, il n’y a ni fille ni femme sur mon navire.

— Je vous dis qu’elle est ici, quelque part, et il faut que je la voie, à l’instant.

— Croyez-moi, seigneur, votre fille n’est pas sur mon navire.

— Où donc est-elle ? car vous la connaissez, sans doute, puisque son portrait est près du vôtre, sur l’avant de votre navire.