Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/443

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— Je ne saurais vous dire, seigneur, où est votre fille, car je ne la connais pas.

Iouenn ne voulait pas avouer, de crainte qu’on ne lui enlevât sa femme. Le roi était fort en colère, et dit :

— Nous verrons bien, tout à l’heure ; et quant à toi, tu auras la tête tranchée.

Et il visita tout le navire, avec ses deux ministres et quelques soldats, qui raccompagnaient, et, comme ils ne trouvèrent pas la princesse, Iouenn fut jeté en prison, en attendant qu’on lui fît tomber la tête, le lendemain, et son navire fut livré en pillage au peuple, et ensuite incendié.

Iouenn, dans sa prison, conta ses aventures à son geôlier, qui paraissait s’intéresser à son sort. Il lui dit comment son père l’avait chassé de sa maison, parce qu’il avait employé tout l’argent qu’il avait eu de sa cargaison à racheter un homme mort qui avait été jeté en pâture aux chiens et à lui faire rendre les derniers devoirs, et à délivrer une belle princesse d’un serpent auquel on la conduisait, laquelle princesse il avait épousée et lui avait donné un fils ; un frère de sa mère lui avait confié un navire pour aller commercer dans les pays lointains, du côté du Levant, et il avait mis sur l’avant de ce navire le buste de sa femme, le sien propre et celui de leur enfant, sculptés en bois et fort ressemblants. Le roi pré-