Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/462

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tribuer du foin et de l’avoine aux beaux chevaux de l'écurie, puis, ayant ôté sa veste, il prit un bâton et se mit à en frapper, à tour de bras, le petit cheval noir qui était derrière la porte.

— Arrête, méchant ! ne me frappe pas d’une façon si cruelle, car, sans tarder beaucoup, tu pourrais bien être traité toi-même comme tu me traites en ce moment !

Voilà notre homme bien étonné d’entendre un animal lui parler de la sorte.

— Comment, pauvre bête, lui demanda-t-il, vous parlez donc aussi, dans la langue des hommes ?

— Oui, car j’ai été moi-même ce que tu es ; et prends bien garde, ou toi-même tu seras réduit à la misérable condition où tu me vois présentement.

— On m’a recommandé de casser un bâton, tous les jours, en vous battant.

— Casse le bâton, si tu veux, mais, non sur mon dos, et donne-moi à manger comme aux autres chevaux.

Le prince eut pitié de la pauvre bête, et il lui donna du trèfle et de l’avoine, à discrétion.

Puis, il se rendit à la chambre des oiseaux. Ceux-ci, en le voyant entrer, se mirent à chanter, à qui mieux mieux. Il fallait entendre cette musique ! Il renouvela la nourriture et l’eau,