Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/465

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Comment déjà ?

— Hélas ! oui, car il y a juste un an que vous êtes ici. Demain aussi, on célébrera dans votre pays l’anniversaire de votre mort, car on vous y croit mort. Écoutez donc bien ce qu’il vous faudra faire : Quand le géant arrivera, demain matin (et n’oubliez pas surtout de me remettre l’épingle dans la tête et de m’introduire dans ma cage), il ira aussitôt visiter ses oiseaux, et ceux-ci à sa vue se mettront à chanter et à fredonner, à qui mieux mieux. En les voyant si joyeux et si dispos, il vous témoignera son contentement, et, pour vous récompenser, il vous conduira dans son écurie et là il vous dira de choisir le cheval qui vous plaira le plus. Il y a là de beaux chevaux, vous le savez bien, blancs, noirs, alezans, bleus-pommelés ; mais, ne choisissez aucun de ceux-là, gardez-vous-en bien. Demandez le petit cheval noir, si maigre et de si triste mine, qui est derrière la porte, et à qui vous avez administré, le lendemain de votre arrivée ici, une si bonne volée de coups de bâton. Il vous dira que vous êtes un sot de choisir une pareille rosse ; mais, ne l’écoutez pas et persistez à dire que vous voulez celui-là, car, comme je vous l’ai déjà dit, c’est mon frère.

Alors, il vous conduira au coffre où sont les pistolets, qui étaient si rouillés, quand il partit,