Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/47

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— Qui êtes-vous ? lui dit-elle, bien étonnée.

— Le Trépas, répondit l’inconnu.

— Alors, je veux bien vous prendre pour mari.

Et elle jeta là son bâton à bouillie, et courut à l’aire à battre :

— Venez dîner, quand vous voudrez, dit-elle aux batteurs, pour moi, je m’en vais, je me marie !

— Ce n’est pas possible, Marguerite ! s’écrièrent les batteurs.

— C’est comme je vous dis ; mon mari, le Trépas, est venu me chercher.

Le Trépas, avant de partir, lui dit qu’elle pouvait inviter aux noces autant de monde qu’elle voudrait, et qu’il reviendrait exactement au jour fixé.

Quand vint le jour convenu, le fiancé arriva, comme il l’avait promis. Il y eut un grand repas, et, en se levant de table, il dit à sa femme de faire ses adieux à ses parents et à tous les invités, car elle ne devait plus les revoir. Il lui dit encore d’emporter une croûte de pain, pour la grignoter, en route, si elle avait faim, car ils devaient aller bien loin, et de dire à son plus jeune frère, qui était son filleul, encore au berceau, de venir la voir, quand il serait grand, et de se diriger toujours du côté du soleil levant.