Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/472

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Et il se hâta de tirer sa serviette de sa poche, la déploya, l’étendit à terre et dit :

— Serviette, fais ton devoir ! Je veux régaler toutes ces bêtes du bon Dieu, qui m’ont l’ai n’avoir pas fait de bon repas, depuis longtemps.

Et aussitôt la serviette se trouva couverte d’un gros tas de blé, la nourriture qui convenait le mieux à des fourmis, et il leur dit :

— Régalez-vous, chères bêtes du bon Dieu !

Les fourmis ne se firent pas prier ; elles se jetèrent sur le tas de blé, et tout disparut, en un clin d’œil.

Quand elles furent rassasiées, les deux grandes dont nous avons déjà parlé dirent, en s’adressant au prince :

— Merci à toi, fils du roi de France : sommes le roi et la reine des fourmis, et si jamais tu as besoin de nous ou des nôtres, tu n’auras qu’à nous appeler, et nous arriverons aussitôt !

— Merci bien, bonnes bêtes du bon Dieu, répondit le prince.

Et il ramassa sa serviette, la remit dans sa poche, et continua sa route.

Vers le soir du même jour, il arriva à la hutte du second ermite, dont lui avait parlé le premier. Il était en prière, comme l’autre. Le prince lui conta son histoire, et lui demanda s’il savait où se trouvait le château du Corps-sans-âme.