Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/474

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marchait sur le sable du rivage, il aperçut le petit poisson dont lui avait parlé l’ermite, resté à sec, la bouche ouverte, et paraissant près de mourir. Il s’empressa de le prendre avec la main et de le remettre dans l’eau. Le petit poisson plongea, disparut un instant, puis, élevant la tête au-dessus de l’eau, il parla de la sorte :

— Je te remercie, fils du roi de France, de m’avoir sauvé la vie ! Je suis le roi de tous les poissons de la mer, et si jamais tu as besoin de moi ou des miens, tu n’auras qu’à venir au bord de la mer, en quelque endroit que ce soit, et à m’appeler, et j’arriverai aussitôt.

— A merveille ! les animaux du bon Dieu me sont toujours favorables, se dit le prince, et avec leur aide on peut aller loin.

En marchant le long du rivage, il aperçut, au bout de quelque temps, les chaînes qui retenaient le château du Corps-sans-âme. Elles étaient scellées dans deux énormes rochers. Il s’arrêta à les considérer, et il se disait :

— Comment monter jusqu’au château ?... Si j’avais eu des ailes, peut-être... Et pourtant, le vieil ermite m’a dit que l’aigle même ne pouvait atteindre si haut !... Comment faire ? Qui viendra à mon secours ?... Peut-être bien qu’une fourmi, en montant de maille en maille, le long de la chaîne, pourrait-elle arriver jusqu’au châ-