Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/64

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homme qui vécût. C’était leur dire clairement qu’elle ne voulait pas se remarier.

Un jour, pourtant, vint un seigneur magnifiquement vêtu, monté sur un cheval superbe, et que personne ne connaissait, dans le pays. Il demanda à parler à Marguerite. Celle-ci le reçut poliment et lui dit, comme aux autres, qu’elle avait fait serment de ne jamais se remarier à homme qui vécût.

— Je ne suis pas un homme vivant, lui répondit l’inconnu.

— Comment, vous n’êtes pas un homme vivant ; mais, qui êtes-vous donc, alors ?

— Un mort, et vous pouvez m’épouser, sans manquer à votre serment.

— Serait-il possible ?

— Croyez-m’en, rien n’est plus vrai.

— Hé bien ! s’il en est ainsi, je ne dis pas non.

Elle brûlait d’envie de se remarier, il faut le croire.

Bref, ils furent fiancés et mariés promptement, et il y eut un grand festin de noces.

En se levant de table, le nouveau marié se rendit dans la cour avec sa femme, et, montant sur son cheval, il la prit en croupe et partit aussitôt, au galop, sans dire à personne où il allait. Tout le monde en fut étonné. Un des frères de Mar-