Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/91

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— Eh bien ! moi, j’ai envie de lui demander de me permettre de l’accompagner, car je suis curieux de savoir où il va ainsi, tous les jours.

— Oui, demande-le-lui, mon frère chéri.

Le lendemain matin, au moment où le mari d’Yvonne s’apprêtait à partir, Yvon lui dit :

— Beau-frère, j’ai envie de vous accompagner, aujourd’hui, dans votre tournée, pour voir du pays, et prendre l’air ?

— Je le veux bien, beau-frère ; mais, à la condition que vous ferez tout comme je vous dirai.

— Je vous promets, beau-frère, de vous obéir en toute chose.

— Écoutez-moi bien, alors : il faudra, d’abord, ne toucher à rien et ne parler qu’à moi seul, quoi que vous voyiez ou entendiez.

— Je vous promets de ne toucher à rien et de ne parler qu’à vous seul.

— C’est bien ; partons, alors.

Et ils partirent de compagnie du Château de Cristal. Ils suivirent d’abord un sentier étroit, où ils ne pouvaient marcher tous les deux de front. Le mari d’Yvonne marchait devant, et Yvon le suivait de près. Ils arrivèrent ainsi à une grande plaine sablonneuse, aride et brûlée. Et, pourtant, il y avait là des bœufs et des vaches gras et luisants, qui ruminaient tranquillement couchés sur le sable et qui paraissaient heureux.