Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/100

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Bien des marchands de Cornouaille et de Léon et de Tréguier vinrent visiter et marchander le cheval. Mais, comme le bonhomme ne voulait rien rabattre de trois cents écus, ils trouvaient tous que c’était trop cher, bien que la bête leur plût fort, et ils s’en allaient.

Vers le soir, vint aussi le marchand inconnu qui avait marchandé le bœuf, et il demanda comme les autres :

— Combien le cheval, bonhomme ?

— Trois cents écus et la bride à moi.

— C’est cher, pourtant le cheval me plaît et je t’en donnerai trois cents écus, sans marchander, mais tu me laisseras la bride, comme cela se fait toujours.

— Non, je garderai la bride, sinon, rien n’est fait.

— Mais, vieil idiot, la bride se vend toujours avec le cheval.

— Libre aux autres de faire ainsi, mais, moi, je veux vendre mon cheval et garder la bride.

— Eh bien ! que le diable vous emporte, toi et ton cheval, avec la bride.

Et il s’en alla là-dessus, fort en colère.

Le cheval fut vendu, un peu plus tard, à un maquignon normand, qui l’amena à Guingamp, où il le mit à l’écurie, avec plusieurs autres chevaux