Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/134

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dans la paix et la tranquillité. Je désire céder ma couronne, avec l’administration du royaume, à celui de vous trois qui m’apportera la plus belle pièce de toile. Mettez-vous donc en route, voyagez au loin et soyez de retour, dans un an et un jour.

Les trois frères partirent là-dessus, par trois routes différentes. Les deux aînés avaient chacun un beau cheval pour les porter, et de l’or et de l’argent plein leurs poches. Ils se rendirent d’abord chez leurs maîtresses, pour prendre congé d’elles. Mais, ils s’y oublièrent et menèrent joyeuse vie, pendant que dura leur argent.

Le bossu, qui n’avait reçu qu’une pièce de six francs de son père, et pas de cheval, marcha et marcha, plein de courage. Quand il avait faim, il grignotait une croûte de pain, cueillait des noisettes, de l’airelle et des mûres sauvages, aux buissons de la route, et buvait dans le creux de sa main, aux sources du chemin. Un jour, en traversant une grande lande, il entendit une voix claire et fraîche qui chantait une vieille chanson. Il s’arrêta pour l’écouter et dit :

— Il faut que je voie qui chante, de la sorte ! Et il se dirigea vers la voix.

Il ne tarda pas à rencontrer une jeune fille d’une grande beauté, qui le salua ainsi :

— Bonjour, Alain, fils cadet du roi de France !