Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/174

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tagne. Ils voulaient passer l’eau, et il n’y avait pas de pont[1].

Laouic, voyant leur embarras, leur dit :

— Je vous ferai passer l’eau, si vous voulez, Messeigneurs.

— Comment cela, mon garçon ? demanda saint Pierre.

— Sur mon dos.

— Y songes-tu ? Tu es bien jeune !

— Allez tout de même et ne vous inquiétez pas de mon âge.

Et il leur tendit son dos. Saint Pierre monta dessus, le premier, et il le transporta facilement sur l’autre rive. Puis, il revint prendre le second voyageur. Celui-ci lui parut beaucoup plus lourd, et peu s’en fallut qu’il ne le laissât tomber à l’eau. Il le déposa pourtant aussi sur l’autre rive, en disant :

— Je n’en puis plus ! Comme vous êtes lourd, vous !...

— Je crois bien, mon enfant, lui dit saint Pierre, tu as porté le monde sur ton dos !

— Que voulez-vous dire par ces paroles, parrain ? demanda l’enfant, étonné.

  1. L’introduction de l’élément chrétien dans ce conte doit être une altération de la fable primitive, et, comme dans le conte précédent, c’était une fée qui devait faire échouer ou réussir les trois frères, selon l’accueil reçu de chacun d’eux.