Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/206

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Chacun prit son bien, et ils se disposèrent alors à partir. Leur père les accompagna jusqu’à un carrefour voisin, d’où partaient quatre chemins, en sens opposés, et là ils se firent leurs adieux, puis prirent chacun un chemin, après s’être donné rendez-vous, au même endroit, au bout d’un an et un jour. Le vieillard s’en retourna seul à la maison par le quatrième chemin.

Yvon, à qui était échu le chat, fut conduit par sa route au bord de la mer. Il suivit longtemps le rivage, sans rencontrer aucune habitation. Son compagnon et lui durent vivre, pendant plusieurs jours, de coquillages et principalement de moules et de patèles, que les chats aiment par-dessus tout[1]. Ils arrivèrent enfin à un moulin, non loin duquel se dressaient les murs et les tours d’un château, au haut de la falaise. Yvon entra dans le moulin, portant son chat sur son bras gauche. Il y vit quatre hommes, en bras de chemise, armés de bâtons et fort occupés à courir après des souris, qui trottaient de tous côtés, pour les empêcher de trouer les sacs et de manger la farine.

— Comme vous vous donnez du mal pour peu de chose ! leur dit-il.


  1. D’après un dicton populaire, Ar c’hâz a rofe unan he zaoulagad evit kaout eur Vrinigenn, c’est-à-dire : Le chat donnerait un de ses yeux pour avoir une coquille de patèle.