Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/208

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gneur, vous y verrez ce que vous n'avez jamais vu de votre vie.

— Quoi donc ? demanda le seigneur.

— Il y est arrivé un homme, nous ne savons de quel pays, avec un petit animal, qui a l’air bien doux et qui, en un clin-d’œil, a tué toutes les souris contre lesquelles nous avions tant de mal à défendre votre blé et votre farine.

— Je voudrais bien que cela fût vrai ! s’écria le seigneur.

Et il courut au moulin, et, en voyant la besogne du Chat, il resta d’abord saisi d’admiration, la bouche et les yeux grands ouverts. Puis, apercevant sur le bras d’Yvon l’auteur de tout ce carnage, qui, repu et tranquille et les yeux à demi fermés, faisait ronron, comme un rouet que tourne la main d’une filandière, il demanda :

— Et c’est cet animal, à l’air si paisible et si doux, qui a travaillé si vaillamment ?

— Oui, Monseigneur, c’est bien lui, répondirent les quatre hommes armés de bâtons.

— Quel trésor qu’un pareil animal ! Ah ! si je pouvais l’avoir ! Voulez-vous me le vendre ? demanda-t-il à Yvon.

— Je le veux bien, répondit Yvon, en passant la main sur le dos de son chat.

— Combien en voulez-vous ?

— Six cents écus, avec logement pour moi--