Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/280

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ter un moment, pour aller puiser de l’eau, se trouvait fort embarrassée, car elle ne voulait pas laisser seul son enfant nouveau-né, qui dormait dans son berceau.

— Comment faire ?… La fontaine est un peu loin et je ne puis laisser mon enfant seul… se disait-elle, assez haut.

« En ce moment, elle entendit une voix claire et fraîche comme une voix d’enfant, qui dit :

— Je vous le garderai bien, moi, si vous voulez me le confier.

« Elle se détourna et vit, au seuil de la porte, un petit homme souriant et si gentil, qu’elle resta quelque temps à le considérer, saisie d’étonnement et d’admiration. Elle n’hésita pas à lui confier la garde de son enfant, et alla puiser de l’eau à la fontaine.

« A son retour, pour récompenser le fidèle gardien, elle lui dit de faire une demande, et elle la lui accorderait.

Génet ha Morgéned, c’est-à-dire : de la beauté et des petits Morgans, répondit le petit homme.

« Ce qui lui fut accordé, et c’est pourquoi les Morgans sont si jolis et étaient si nombreux, au temps jadis. Mais, il aurait mieux fait de demander le baptême, car alors, lui et les siens seraient allés au ciel avec les anges, auxquels ils ressemblent si bien. »