Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/282

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crottin de cheval. Elle en pleura de chagrin et de dépit !

« L’autre alla jusqu’à la maison, tout d’une traite, et ce ne fut que sous les yeux de son père et de sa mère, dans leur pauvre chaumière, qu’elle ouvrit sa nappe. Leurs yeux furent éblouis à la vue des trésors qu’elle contenait : pierres précieuses, perles fuies et de l’or, et de riches tissus !... La famille devint riche, tout d’un coup ; elle bâtit une belle maison, acheta des terres et on prétend qu’il existe encore, parmi les descendants, qui habitent toujours l’île, des restes du trésor de la Morganès, quoiqu’il y ait bien longtemps de cela. »

Ma conteuse, Marie Tual, paraissait croire, en effet, qu’il existait réellement, dans une famille d’Ouessant, des bijoux et des tissus provenant des Morgans. « Dans cette maison, ajoutait-elle, rien ne manque ; ils sont riches ; quand ils vont a la pêche, leur bateau revient toujours chargé de poisson, et ils n’ont jamais perdu un des leurs à la mer, ce qu’on ne peut dire d’aucune autre famille de l’ile. »