Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/289

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ce qui ne leur était pas arrivé depuis longtemps ; où donc ont-elles trouvé tant à paître ?

— Dans le bois, monseigneur, où il y a de l’herbe en abondance.

— Dans le bois ? Tu les as donc laissées entrer dans le bois ?

— Oui, sûrement, puisqu’il n’y a plus rien dans la prairie.

— Et tu n’as pas vu le vieux sanglier ?

— Non, je n’ai pas vu de sanglier du tout.

— C’est bien ; mais, prends bien garde à toi, car tu sais que le jour où il te manquera une tête de bétail, tu seras mis à mort.

— Oui, je le sais.

Le lendemain, Robardic conduisit, comme Li veille, ses bêtes au pâturage, et il les laissa encore entrer dans le bois, et, au coucher du soleil, il les ramena encore, bien repues, et sans qu’il en manquât aucune ; et ainsi pendant huit jours, sans qu’il lui arrivât de voir le sanglier, de sorte que bœufs et vaches engraissaient, à vue d’œil, et le seigneur était très content de son nouveau pâtre. Mais, tout cela l’étonnait beaucoup, et il dit un matin à Robardic :

— J’irai avec toi, aujourd’hui, pour voir comment tu t’y prends.

— Comme vous voudrez, monseigneur, répondit le jeune pâtre.