Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/298

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— Jette-la-moi, te dis-je, ou si tu ne le fais, tu t’en repentiras.

— Bah ! pour une tête qu’il te reste, je pense que je n’aurai pas de peine à l’abattre, puisque, hier, je t’en ai abattu six.

— Tu te trompes grandement, car, au lieu de sept têtes que j’avais hier, j’en ai quatorze aujourd’hui.

— Et quand tu en aurais trente, je m’en soucie peu ; sors-les, vite, et commençons le combat.

Le serpent sortit ses quatorze têtes, et le combat commença, plus terrible que jamais. Il fallait voir Robardic frappant à coups redoublés, avec sa bonne épée, qui détachait une tête, presque à chaque coup. Le monstre le couvrait de feu, et poussait des cris qui faisaient trembler les hommes et les animaux, à plusieurs lieues à la ronde. Enfin, que vous dirai-je ? Robardic combattit tant et si bien, qu’il abattit treize têtes, sur quatorze.

— Quartier, jusqu’à demain ! lui cria encore le serpent. Et il lui accorda encore quartier, car il était aussi bien aise de pouvoir se reposer, après avoir si rudement besogné.

Et il reconduisit la demoiselle jusqu’au lieu où il l’avait prise, en lui disant que le lendemain elle le retrouverait au même endroit. Mais, il refusa encore de dire son nom et de se faire connaître.