Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/333

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de bonne part, et il faut que vous le fassiez, ou il n’y a que la mort pour vous. Allez et songez à tenir votre parole.

Le capitaine s’en retourna, tout triste.

— Si la vieille fée de la forêt, pensait-il, ne vient encore à mon secours, je suis perdu.

Le lendemain matin, au lever du soleil, il se met en route. Arrivé à la lisière du bois, il s’asseoit sur le gazon, au même endroit que la première fois, pour manger un morceau et boire une goutte. Il aperçoit encore la vieille qui s’avance vers lui, lentement et courbée sur son bâton, et cette vue le rassure. Il se lève et va au-devant d’elle, son chapeau à la main. Il la fait manger et boire, puis elle lui parla de la sorte :

— Votre épreuve, ma pauvre enfant (elle savait bien qui elle était), est des plus périlleuses. Pourtant, avec mon aide et si vous faites de point en point comme je vous dirai, vous pourrez encore vous en tirer. Écoutez-moi donc bien. La Licorne est un terrible animal. Elle transperce de rang neuf troncs de grands chênes, de la corne unique qu’elle porte au milieu du front. Elle arrivera à midi, juste. Elle s’annoncera par un cri qui fera trembler de frayeur tous les animaux de la forêt. Elle viendra du côté du midi. Vous verrez neuf grands chênes, rangés sur la même ligne, et dont les troncs sont percés de part en