Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/335

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pointe de sa corne sortit du dernier, si près du capitaine Lixur, que la peau de sa cuisse en fut effleurée. Cependant il n’en perdit pas la tête, et il courut à la bête, son bon sabre à la main, et lui coupa la tête. Mais, ne pouvant l’emporter, à cause de sa corne, engagée dans les neufs troncs de chênes, il chargea à grand’peine son corps sur son cheval, et reprit tranquillement le chemin de la ville. Une foule nombreuse était accourue à sa rencontre, et le conduisit en triomphe jusqu’au palais du roi, avec des chants et des cris de joie. Le roi vint lui-même le recevoir, à la porte de son palais, et l’embrassa devant tout le monde. Puis, il y eut un grand dîner, à la cour, suivi d’illuminations et de réjouissances publiques.

Les fêtes terminées, le capitaine Lixur reprit ses fonctions de page auprès de la reine, qui avait demandé à le conserver, car le roi voulait l’élever au grade de général. La reine ne connut plus de frein à sa passion ; elle embrassait son page, lui tenait des propos libertins… C’en était honteux.

Cependant le jeune homme restait indifférent et impassible, ce qui l’exaspérait jusqu’à la folie.

— O le sot Breton ! s’écriait-elle ; il me dédaigne ! Mais, il me le paiera.

Et elle courut trouver le roi, furieuse.

— Sire, sire, s’écria-t-elle, le capitaine Lixur