Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/339

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On t’envoie prendre le Satyre, dans la forêt des Ardennes. Je ne saurais te dire le nombre des rois, des princes, des ducs et des généraux qui ont déjà tenté l’aventure, et y ont perdu la vie. Et pourtant, quelque périlleuse que soit l’entreprise, tu pourras encore t’en tirer à ton honneur, si tu fais exactement tout ce que je te dirai. Écoute-moi donc bien. Le monstre habite une caverne sombre et profonde, au milieu de la forêt, à sept lieues d’ici. Ni homme ni animal vivant ne peut l’approcher, à sept lieues à la ronde, à cause de l’odeur infecte et du venin mortel dont il empoisonne l’air : de plus, un seul regard de lui suffit pour donner la mort. Mais, voici un onguent dont tu te frotteras le visage et les mains, et qui te préservera de l’infection. Si tu parviens à éviter ses regards et à passer inaperçu, tout ira bien. Voici comment tu devras te conduire : écoute bien.

Le Satyre ne sort de sa caverne que vers l’heure de midi, chaque jour, pour se promener au soleil. Il est rouge comme le feu, et quand le soleil donne dessus, il n’est œil d’homme ou d’animal qui puisse le regarder, sans en être aveuglé, et celui sur qui tombe son regard tombe aussitôt mort, comme une mouche. Il faudra donc, avant tout, éviter son regard, et pour cela, voici ce que tu devras faire : la nuit, pendant que le monstre