Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/352

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tite fille, et, chose étonnante, l’enfant naquit avec une petite couleuvre enroulée autour de son cou. Le reptile s’enfuit aussitôt dans le jardin, où il se cacha parmi les herbes. Mais, il resta au cou de l’enfant comme un collier rouge, imitant parfaitement une couleuvre. La petite fille fut baptisée et reçut le nom de Lévénès[1], à cause de la joie que sa naissance causa à ses parents. Elle croissait, pleine de santé et de beauté. Parvenue à l’âge de douze ans, comme elle était un jour, seule, dans le jardin de son père, elle fut étonnée d’entendre à côté d’elle une petite voix qui disait : — « Bonjour, ma sœur, ma gentille petite sœur ! » Et une gentille couleuvre, sortant d’un buisson, se dirigeait en même temps vers elle. L’enfant eut d’abord peur ; mais, la couleuvre lui dit :

— Ne craignez rien, je ne vous ferai pas de mal, bien au contraire, car vous êtes ma sœur, ma petite sœur chérie.

— Jésus ! une couleuvre ma sœur ! s’écria Lévénès.

— Oui, car votre mère est aussi la mienne, répondit la couleuvre.

— Comment cela peut-il être ?

— Voici comment : Notre mère dit un jour,

  1. Lévénès, en breton, signifie joie, lætitia. Ce nom était très répandu autrefois, en Basse-Bretagne.