Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/368

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Cependant, le jeune prince ne pouvait retrouver sa gaîté et son insouciance ordinaires ; rien ne le divertissait plus et on le crut malade et il dépérissait, à vue d’œil. Les médecins ne pouvaient rien contre son mal, et son père et sa mère et toute la cour étaient forts inquiets de voir cette situation se prolonger.

Au bout de dix mois ou environ, Charles dit enfin à son père :

— J’ai un voyage à faire, mon père, un voyage assez périlleux, et, comme je ne sais pas si j’en reviendrai jamais, je vous fais mes adieux.

Et il partit, malgré les instances et les larmes de son père, et sans s’expliquer sur le but de son voyage. Il va au hasard, sans savoir quelle direction il doit prendre. Après plusieurs jours de marche, il se retrouva, sans y songer, dans le bois où il s’était égaré, à la chasse. La nuit l’y surprit, et il frappa à la porte d’une pauvre hutte dont la lumière l’avait attiré. Un vieillard à barbe blanche vint lui ouvrir :

— Bonsoir, mon père ermite, lui dit-il.

— Bonsoir, mon fils, répondit l’ermite ; que cherchez-vous ?

— Je dois me rendre au château de Barbauvert, et je ne sais quel chemin prendre, car j’ignore où il habite.

— Oui, je le sais ; mais, rien ne presse encore ;