Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/376

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lui dît. Il se rendit au bord de la mer, et se mit à fumer sa pipe, tranquillement, assis sur un rocher.

A midi, Koantic vint encore et lui dit :

— Maintenant, il faut que vous me coupiez le cou et jetiez ma tête dans la mer. Vous ferez un trou dans le sable et recueillerez dans ce trou tout le sang que je perdrai. Mais, prenez bien garde de vous endormir, pendant que le sang coulera encore de mon corps, car, si vous vous endormez, c’en est fait de nous, sans espoir. Voilà un couteau : frappez avec assurance, et que votre main ne tremble pas.

Charles prit le couteau que lui présentait Koantic, et coupa le cou, sans hésiter, à la fille du magicien. Il jeta la tête à la mer et recueillit, dans un trou qu’il fit dans le sable, le sang qui en coula. Mais, il fut pris subitement d’envie de dormir, et il allait succomber, quand la tête de Koantic sortit de la mer et ramena l’ancre à sa suite.

— Tu allais succomber au sommeil, mon pauvre ami ! lui dit-elle. Prends vite ma tête et remets-la sur mon cou, où elle se recollera d’elle-même.

Il prit la tête, la remit à sa place, et aussitôt Koantic se retrouva comme devant,

— A présent, retournons à la maison, sans