Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/413

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— Vous avez besoin de moi, Fanch ?

— Oui, sûrement, ma bonne reine. Une vieille femme, qui demeure dans ce château, m’a conduit dans ce grenier et m’a dit : « Voilà un grand tas de trois sortes de grains mélangés, froment, orge et avoine. Il faut que, pour le coucher du soleil, aujourd’hui, tu m’aies mis chaque sorte de grain dans un tas à part, autrement, il n’y a que la mort pour toi ! » Comment voulez-vous, bonne reine, que moi, ni aucun homme au monde puisse exécuter un pareil travail ? Aussi, suis-je un homme perdu, si vous ne me tirez d’embarras.

— Rassure-toi, lui répondit la Reine des fourmis, car s’il ne te faut que cela, ce sera vite fait.

Alors, la Reine des fourmis monta sur le toit, fit je ne sais quel signe, et, un instant après, le grenier fut envahi par des millions de fourmis. Leur reine leur expliqua ce qu’il y avait à faire, et aussitôt elles se mirent à l’ouvrage, avec une ardeur merveilleuse. Elles firent trois tas de grains distincts, et, dans aucun des trois tas, il ne fut possible de trouver deux grains d’espèce différente.

Quand le travail fut terminé, la Reine des fourmis se retira, avec ses sujets, après avoir été vivement remerciée par Fanch. Celui-ci descendit alors du grenier et alla trouver la vieille femme, et lui dit :