Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/427

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temps après, je retrouvai la première, et je me trouve en avoir deux, à présent. Je suis bien en peine de savoir de laquelle je dois me servir, de l’ancienne ou de la nouvelle ? Or, conseillez-moi à ce sujet, je vous prie.

— Respect est toujours dû aux anciens, dit le roi ; gardez votre ancienne clef, ma fille.

— Et vous, prince, qu’en pensez-vous ?

— Je suis de l’avis du sage roi, mon beau-père, répondit le prince turc, un peu troublé et inquiet de ce que pouvait cacher cette histoire de clefs de la princesse.

— Eh bien ! reprit alors la princesse, en prenant par la main le prince inconnu, je suivrai votre conseil :|voici mon premier mari, que j’ai retrouvé, et je le garde !

Vous pouvez juger de l’étonnement et du trouble que produisirent ces paroles.

Alors, le prince Fanch prit la parole à son tour, et, s’adressant au prince turc, qui pâlissait et tremblait, il parla ainsi :

— Et toi, fils du roi de Turquie, te rappelles-tu la promenade que nous fîmes ensemble, quand tu me jetas traîtreusement dans la mer ? Tu croyais t’être débarrassé de moi, pour toujours, n’est-ce pas ? Eh bien ! tu t’es trompé, et je veux te récompenser, comme tu le mérites, traître digne de l’enfer !