Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/435

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troupes et des canons. Bihanic, en les voyant venir, s’avança à leur rencontre.

— Est-ce vous, lui demanda le général, qui avez eu l’audace d’élever ce château, pour offusquer celui de mon roi ?

— C’est bien moi, ne vous déplaise, général.

— Eh bien ! venez trouver mon maître, et venez vite, ou il n’y a que la mort pour vous.

— Doucement, mon général ! Dites à votre roi que, s’il veut me parler, il vienne lui-même me trouver, chez moi.

— Quelle insolence ! Nous allons canonner votre château et le détruire entièrement, si vous ne voulez nous suivre à l’instant.

— Comme il vous plaira, général ; mais, pour moi, je ne suis nullement décidé à vous suivre.

Alors, les canons furent braqués contre le château et la canonnade commença. Mais, les boulets, loin de causer quelque dommage au château de Bihanic, rebondissaient et venaient tuer les soldats qui les lançaient et renverser leurs pièces. Voyant cela, le général comprit qu’il y avait quelque sorcellerie dans l’affaire, et qu’il aurait tort de s’opiniâtrer à vouloir lutter contre un pouvoir qui se moquait de lui et de ses canons. Il s’en retourna vers son roi, tout penaud, et lui conta la chose. Le vieux roi aussi crut devoir agir plus prudemment, et il alla lui-même prier