Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/95

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— Retourne chez ton père, dit-elle à son libérateur ; moi, je m’en vais également chez le mien, à la cour du roi d’Espagne, où tu te trouveras aussi, dans un an et un jour.

Et elle disparut aussitôt.

Congar, de son côté, marcha résolument vers son pays. Quand il en fut à une faible distance, il rencontra un mendiant, qu’il connaissait, sans être connu de lui, et lui demanda :

— Ne connaissez-vous pas Ewenn Congar, mon brave homme ?

— Je le connais bien, c’est mon voisin, répondit le porte-besace.

— Est-il toujours en vie, et comment vont ses affaires ?

— Il est toujours en vie, mais ses affaires vont mal, et il n’est guère plus heureux que moi. Il a dépensé le peu qu’il possédait, pour donner de l’instruction à son fils, et son fils l’a abandonné et on ne sait ce qu’il est devenu.

Congar donna une pièce de vingt sous au vieux mendiant, et continua sa route. Il arrive à la chaumière de son père et se jette dans les bras du vieillard, qu’il trouve assis sur un galet rond, au seuil de son habitation.

— Bonjour, mon père, me voici de retour ! dit-il en l’embrassant.

— Ne vous moquez pas de moi, répond