Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/147

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achetait sans cesse de nouvelles robes et des parures de prix, tandis qu’Yvonne était très simplement vêtue. Malgré tout, les galants n’avaient d’yeux et de compliments que pour Yvonne, qui était aussi modeste et aussi bonne qu’elle était jolie, et sa marâtre en crevait de jalousie et de dépit. Aussi, se décida-t-elle à l’éloigner et à la soustraire à la vue des prétendants, afin de pouvoir marier d’abord sa fille. Tous les jours, elle l’envoyait sur une grande lande, pour garder une petite vache noire, avec ordre de ne revenir qu’après le coucher du soleil. La pauvre enfant partait, chaque matin, aussitôt le soleil levé, ns se plaindre, et emportant un morceau de pain noir et une galette, pour toute pitance. A force d’être toujours avec sa vache et de n’avoir d'autre société, si ce n’est pourtant un petit chien nommé Fidèle, qui la suivait partout, elle la prit en affection et la regarda comme sa meilleure amie. Elle lui donnait à manger, dans sa main, des touffes d’herbes fraîches, qu’elle choisissait et cueillait elle-même ; elle la caressait, lui grattait le front, l’embrassait, lui contait mille petites histoires, lui chantait les chansons qu’elle connaissait, et la bête la regardait de ses grands yeux doux et fixes, et semblait la comprendre, et elle l’aimait aussi. Elle l’avait appelée : Mon petit cœur d’or.