Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/17

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Crampouès détourna la tête, en faisant un geste de dédain.

— Ne méprise pas mon présent, reprit Marie, et ne t’en dessaisis jamais, car il te sera plus utile que tu ne le penses ; ainsi, quand tu voudras manger ou boire, ou que tu désireras quelque autre chose, quoi que ce puisse être, étends le linge sur une table, sur une pierre ou sur la terre nue, suivant le lieu où tu te trouveras, puis dis : « Par la vertu de la chemise de la grand’mère de Marie, je désire que telle ou telle chose soit ! » et tu verras tes souhaits accomplis, sur-le-champ.

Crampouès prit alors le chiffon et le mit dans sa poche. Puis, il fit ses adieux à Marie et partit, à la grâce de Dieu. Vers le soir, l’appétit lui vint, et, comme il n’avait pas emporté de provisions et que, d’un autre côté, il n’avait pas le sou, il n’était pas sans inquiétude, car il n’avait pas grande confiance dans le prétendu talisman de Marie. Il voulut cependant l’éprouver, afin d’être fixé à son endroit. Il tira donc le chiffon de sa poche, retendit sur le gazon, au bord de la route, et dit :

— Par la vertu de la chemise de la grand’mère de Marie, je désire avoir de quoi manger : du lard, des saucisses, du pain blanc, de bonnes crêpes, comme en fait Marie, et aussi une bouteille de bon cidre !