Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/188

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au prêtre. Celui-ci regarda la marraine, mais, ne voyant pas de parrain, il demanda :

— Où est donc le parrain ?

— Le voici, répondit le père, en lui montrant le grand mouton blanc.

— Comment, un mouton !...

— Oui, selon l’apparence ; mais, ne vous arrêtez pas à la forme, et procédez sans crainte à la cérémonie. Le prêtre ne fit pas d’objections, les métamorphoses de ce genre étant, sans doute, communes, de son temps, et il se mit en devoir de baptiser l’enfant.

Le mouton se leva alors sur ses deux pieds de derrière, prit son filleul avec ses deux pieds de devant, aidé par la marraine, et tout se passa pour le mieux.

Mais, aussitôt la cérémonie terminée, le mouton parrain devint un beau jeune homme. C’était Goulven, le frère aîné de Lévénès. Il raconta comment ses frères et lui avaient été changés en moutons, par une vieille sorcière, parce qu’il avait refusé de l’épouser. Sa sœur, la mère de l’enfant, qui avait été témoin de la métamorphose, ne pouvait en rien dire, sous peine d’éprouver le même sort ; mais, à présent, le charme était rompu, et la sorcière n’avait plus aucun pouvoir sur eux,

— Ces moutons sont donc vos frères ? demanda alors le prêtre.