Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/202

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Malo se cacha derrière des tonneaux, qui étaient entassés au bas de la salle, et le géant arriva presque aussitôt. Il jeta quatre ou cinq hommes morts sur la table, en disant :

— Voilà de quoi souper !

Puis, ôtant de dessus ses épaules son manteau, qui pesait sept cents livres et le jetant sur les tonneaux :

— Je suis bien fatigué, dit-il.

— Pourquoi vous donner aussi tant de mal à courir, tous les jours ? lui dit sa femme.

— Il le faut bien ; mais, donnez-moi à boire, car j’ai grand’soif.

Et la seconde sœur de Malo prit une grande pinte, tira du vin d’un tonneau et le posa sur la table. Le géant s’apprêtait à boire, quand il s’écria, en reniflant :

— Que signifie ceci ? Ce vin sent le chrétien ! Il y a un chrétien ici ! Où est-il ? Je veux le voir, à l’instant !

— C’est mon frère, qui est venu me voir, répondit la jeune femme ; ne lui faites pas de mal, je vous eu prie.

— Si c’est votre frère, je ne lui ferai pas de mal ; nous avons de quoi souper, du reste ; présentez-le-moi, pour que nous fassions connaissance ensemble.

Et elle alla le chercher, au bas de la salle, l’amena par la main et le présenta au géant.