Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/28

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Le lendemain matin, quand le soleil levant l’éclaira, personne ne pouvait le regarder ; les yeux en étaient éblouis. Les courtisans coururent à la chambre du roi, pour lui annoncer la merveille. Le roi courut à la fenêtre de sa chambre à coucher et vit, en face de son palais, un autre palais, si resplendissant de lumière, qu’il paraissait être tout en feu. Et sur le balcon du milieu, il aperçut un jeune prince, si beau, si distingué, qu’il n’avait jamais vu son pareil. C’était Crampouès, qui avait mis son bonnet magique sur la tête, avec la houppe devant.

— Qui donc ose me faire un pareil affront ? s’écria le roi, furieux. Qu’on aille dire à ce jeune présomptueux de venir me parler, à l’instant !

Un courtisan s’empressa d’exécuter l’ordre. Il se rendit, en toute hâte, au palais improvisé et annonça au prince inconnu la volonté de son roi.

— Allez dire à votre maître, lui répondit Crampouès, d’un air dédaigneux, que, s’il veut me parler, il vienne me trouver, chez moi.

Le courtisan revint, fort étonné, car jamais il n’avait vu accueillir de cette façon un ordre de son maître.

— Eh bien… ? lui dit le roi, en le voyant revenir, seul.

— Sire, il refuse de venir.

— Qu’a-t-il répondu ?