Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/296

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— C’est une fille, dis-tu ? Montre-la-moi. Oh ! le joli petit ange ! avec une étoile d’argent au milieu du front ! Nous la garderons, mon homme ; nous avons assez de biens, et puisque Dieu ne nous a pas donné d’enfants, ceux-ci nous en tiendront lieu[1].

Cependant la pauvre reine était dans sa tour, pleurant et gémissant, nuit et jour, et personne ne la visitait. Ses deux sœurs étaient heureuses avec leurs maris.

Le jardinier et sa femme vinrent à mourir. Le roi fit venir leurs trois enfants dans son palais, et, comme c’étaient de beaux enfants, et bien élevés, ils lui plaisaient beaucoup. Chaque dimanche, on les voyait dans son banc, à l’église, à la grand’messe, ayant chacun son bandeau sur le front, pour cacher les étoiles. Tout le monde était étonné de voir ces bandeaux, et on se demandait : — Qu’est-ce que cela veut dire ?

  1. Dans une autre version, suivant une ancienne coutume encore en usage dans certaines parties de la Bretagne, on lui donna la Sainte-Vierge pour marraine. Celle-ci, sous les traits d’une vieille femme, la conseilla et la dirigea plus tard, dans son voyage à la recherche de ses frères, et, au dénouement, pendant le repas de noces, elle parut un moment dans la salle, se nomma et disparut aussitôt, en donnant rendez-vous à sa filleule dans le Paradis.