Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/316

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Et il monta aussi sur le navire.

Les voilà six, à présent, et six gaillards. Ils se remirent en route, et rencontrèrent bientôt une vieille femme, qui allait au marché vendre des œufs, qu’elle portait dans un panier.

— Combien la douzaine, grand’mère ? lui demanda Luduenn.

— Six sous, Messieurs, répondit la vieille.

— Donnez-m’en un, seulement, et prenez cet écu de six livres.

— Que Dieu vous bénisse, mon bon seigneur, répondit la vieille.

Tôt après, ils passèrent par un champ où des paysans traçaient des sillons, à la charrue. Luduenn leur demanda :

— Combien voulez-vous de votre évêque[1] ?

— Deux réales (dix sous), lui répondit-on.

— Donnez-le-moi, voilà un écu de six francs. Et il leur jeta un écu de six francs, et prit le bâton de charrue.

— Quand vous en voudrez d’autres, à ce prix, lui crièrent les laboureurs, vous n’aurez qu’à le dire.

Comme ils approchaient de la ville, ils virent un jeune garçon qui se disposait à faire (sauf

  1. Nos paysans bretons appellent ainsi un bâton dont un bout est recourbé comme la crosse d’un évêque, et qu’ils emploient pour débarrasser le soc de la charrue des pierres et des herbes qui en ralentissent la marche.