Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/321

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est, paraît-il, une bonne coureuse. En une demi-heure, elle va puiser de l’eau à une fontaine, qui est à trois lieues d’ici, et s’en retourne avec trois pichets remplis d’eau. Demain matin, tu l’accompagneras à la fontaine, d’où tu rapporteras aussi trois pichets pleins d’eau, et j’espère bien que tu seras de retour avant elle, et ne te laisseras pas vaincre par une femme.

— Dormez tranquille, là-dessus, répondit le coureur.

Le lendemain matin, la servante et le coureur Attrape-Tout partirent ensemble pour la fontaine. Quand ils eurent rempli leurs pichets, la servante dit à son compagnon :

— Asseyons-nous, un peu, sur l’herbe, et causons ; nous avons bien le temps, n’est-ce pas ?

Et ils s’assirent. Mais, comme elle était sorcière, elle endormit Attrape-Tout, en le regardant, et partit, après lui avoir mis sous la tête, en guise d’oreiller, la tête décharnée et blanchie d’un cheval mort, qui se trouvait là, près de l’eau[1]. Fine-Oreille avait entendu les paroles de la servante, il entendait aussi ronfler Attrape-Tout, et il dit à Luduenn :

  1. Cet épisode de la tête de cheval mort servant d’oreiller au coureur, pendant son sommeil, et de l’habile tireur qui le réveille, se retrouve mot pour mot dans le conte des frères Grimm : Les six compagnons qui viennent à bout de tout.