Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/38

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laissa passer. Il pénétra dans la cour, entra dans la première porte qu’il trouva ouverte, monta un escalier et se trouva face à face avec un soldat, qui était en faction à une porte.

— Où allez-vous ? lui demanda le soldat.

— Voir le roi, répondit-il.

— On ne pénètre pas ainsi jusqu’à Sa Majesté ; dites votre nom d’abord, on le lui portera, et, s’il veut bien vous recevoir, vous passerez.

— Bah ! trop de cérémonies, soldat ; prenez ceci et laissez-moi passer.

Et il lui offrit aussi cent écus.

— C’est ma consigne, répondit le soldat, en repoussant l’argent, et je ne vous laisserai pas passer comme cela.

— Vous trouvez que ce n’est pas assez, sans doute ; qu’à cela ne tienne, tenez !

Et il lui offrit trois fois cent écus.

Le soldat ne put rester insensible à tant de générosité ; il prit l’or et laissa passer le prince inconnu. Celui-ci arriva alors jusqu’au roi, sans autre obstacle. Il se montra si aimable, si spirituel et surtout si flatteur, que le monarque l’invita à revenir, le lendemain. Il n’eut garde d’y manquer, et, partout où il passait, il distribuait des poignées d’or aux valets, aux femmes de chambre, aux cuisiniers. Si bien qu’il n’était bruit que de lui, dans le palais, et tout le monde chan-