Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/407

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Le soir, en se chauffant, avant d’aller se coucher, Jean leva encore les yeux vers les tranches de lard suspendues dans la cheminée, et, ne les voyant plus, il en fut bien surpris et demanda à Jeanne :

— Qu’est donc devenu le lard, que je ne le vois plus, dans la cheminée ?

— Le lard ? Mais Nédélec (Noël), Carnaval et Pâques, à qui vous le destiniez, l’ont emporté.

— Comment cela, que veux-tu dire, Jeanne ?

— Ne m’aviez-vous pas dit, l’autre jour, qu’un des trois morceaux de lard serait pour Nédélec, un autre pour Carnaval, et le troisième pour Pâques ? Eh bien ! il est venu, hier et aujourd’hui, trois mendiants, qui m’ont dit avoir noms Nédélec, Carnaval et Pâques, et je leur ai donné le lard.

— Ce n’est pas possible, tu plaisantes, sans doute ?

— Je ne plaisante pas, et c’est comme je dis.

— Allons ! allons ! tu es bien la plus sotte femme qui soit sur terre, et nous ne pouvons qu’être pauvres, à la façon dont tu agis, en toutes choses !

Le pauvre Jean était désolé ; il voyait clairement qu’ils marchaient à la misère, et il ne put clore l’œil, de toute la nuit.

Le lendemain matin il dit à Jeanne :