Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/409

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— Puisqu’elle est venue jusqu’ici, ne l’abandonnons pas sur la route ; peut-être pourra-t-elle nous servir, d’ailleurs ; donne-moi-la, à mon tour.

Et Jean chargea la porte sur son dos, et ils continuèrent leur route.

Il y avait déjà quelque temps que le soleil était couché, et, comme ils ne rencontraient aucune habitation, ils étaient inquiets de la manière dont ils passeraient la nuit. Ils suivaient depuis longtemps la lisière d’un grand bois, dont ils ne trouvaient pas la fin.

— Entrons dans le bois, pour y passer la nuit, dit Jean, nous y serons moins exposés au froid.

— Entrons dans le bois, dit Jeanne.

Et ils entrèrent dans le bois ; mais, comme il y avait dans ce bois beaucoup de bêtes fauves de toute sorte, pour plus de sûreté, ils montèrent sur un vieil arbre, fixèrent solidement la porte de leur maison entre les branches, et s’étendirent dessus pour dormir, car ils étaient fatigués.

Mais, ils furent éveillés, au milieu de la nuit, par un vacarme épouvantable et des jurons, qu’ils entendirent sous l’arbre.

— Qu’est-ce que c’est, grand Dieu ? dit Jeanne, tout effrayée.

— Silence ! ne dis mot, ou nous sommes perdus !

C’étaient des brigands, qui venaient de faire