Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/43

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— Pauvre imbécile ! répondit le chef, en haussant les épaules.

Mais, comme il insistait :

— Réponds-tu de tout, sur ta tête ? lui demanda-t-il.

— Je réponds de tout, sur ma tête.

— Eh bien ! soit, et tire-toi d’affaire comme tu pourras.

Et chefs et marmitons allèrent se promener en ville, et le laissèrent seul à la cuisine.

Un peu avant l’heure du dîner, le clerc se rendit à la salle à manger, étendit sa serviette sur la table et dit :

— Serviette, fais ton devoir ! Je désire voir, à l’instant, sur cette table, un repas magnifique et dont le roi et ses convives seront émerveillés.

Ce qui fut fait aussitôt que dit. La table se couvrit par enchantement d’une profusion de mets exquis, qui répandaient dans la salle et tout le palais un parfum délicieux, et des meilleurs vins et liqueurs de tous les pays. Jamais le roi ne dîna aussi bien que ce jour-là. Aussi, fit-il venir son maître d’hôtel, pour le féliciter, devant tout le monde. Celui-ci reçut les compliments, comme s’ils lui étaient dus, et désormais, il abandonna au nouveau venu le soin de la table royale, puisqu’il s’en tirait si bien, et lui en laissait tout le mérite. Ce fut alors, tous les jours, des festins copieux et