Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/448

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Voyez plutôt.

El le petit Moine lui fit voir des poignées de pièces d’or.

— Et encore, reprit-il, ma mère était petite et maigre ; mais, la vôtre, qui est grande et grasse, vaut au moins le double.

Ces paroles et la vue de l’or rendirent le grand Moine rêveur. Il y songea, toute la nuit, et résolut de faire mourir sa mère, pour pouvoir la vendre deux mille écus, au marché de Pontrieux. Le dimanche suivant, connaissant le penchant de sa mère pour le bon vin, il lui en fit boire plus que d’habitude, à son dîner, laissa une bouteille pleine sur la table, en se rendant aux vêpres, et, quand il rentra, le soir, il trouva la vieille endormie, dans son fauteuil. Il lui ouvrit une veine, sans l’éveiller, et elle ne se réveilla plus. A minuit, il la lia sur son cheval, et prit avec elle la route de Pontrieux, dont le marché a lieu chaque lundi. Comme il passait par un carrefour, où se trouvait une croix de pierre, trois chiens noirs vinrent, il ne sut d’où, qui tournèrent trois fois autour de lui et de son cheval, en disant : — « Que ferons-nous de cet homme ? Que ferons-nous de cet homme ?... »

— Le mettre en pièces, dit un des chiens.

— Et boire son sang et manger son cœur, dit le second.