Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/449

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Non, laissons-le continuer sa route, dit le troisième ; les juges sauront le récompenser comme il le mérite.

Les trois chiens s’en allèrent alors, et le Moine continua sa route vers Pontrieux, un peu effrayé et se demandant ce que cela pouvait signifier.

Il arriva en ville, au moment où le jour commençait à poindre. Il n’y avait encore presque personne sur la place du marché. Il ôta sa mère de dessus son cheval et la mit debout contre un des piliers de pierre de la halle ; puis, il attendit. Les paysans des environs arrivaient peu à peu et s’arrêtaient et s’attroupaient devant la morte, fort intrigués, et s’écriaient :

— Jésus, mon Dieu ! une femme morte ! Pourquoi donc l’a-t-on ainsi exposée, en cet endroit ? C’est, sans doute, en attendant de la mettre dans son cercueil et de la conduire à l’église, puis au cimetière...

Le Moine entendait tout cela et ne disait mot. Pourtant, il finit par se lasser d’attendre les chalands et dit aux curieux :

— Eh bien ! personne ne m’offre rien de ma mère ? Voyez, c’est pourtant une belle vieille,..

— Jésus ! s’écriaient les uns, en entendant ces paroles, cet homme est un pauvre innocent (fou) qui a tué sa mère.

— A moins, disaient d’autres, que ce ne soit