Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’eut pas besoin, durant le reste du voyage, de dire à son mulet de faire son devoir. Quand il arriva à la maison, sa femme et ses enfants étaient près de mourir de faim. Jeanne, en le voyant, se mit à l’agonir d’injures :

— Te voilà enfin, méchant homme, sans cœur, qui vas courir on ne sait où, et qui laisses ta femme et tes enfants mourir de faim, à la maison !

Et elle lui montrait le poing.

— Taisez-vous, femme, lui dit Jean tranquillement, et comme un homme sûr de son fait ; vous ne manquerez plus de pain, ni d’autres choses ; nous sommes riches, à présent, comme vous l’allez voir ! Otez votre tablier et étendez-le, là par terre, sous la queue de mon mulet.

Jeanne étendit son tablier par terre, et Jean dit alors :

— Mulet, fais ton devoir !

Mais rien ne tombait sur le tablier, ce qui l’étonna. Il dit une seconde fois, plus haut, pensant qu’il n’avait peut-être pas entendu :

— Mulet, fais ton devoir !

Rien encore ! Puis, une troisième fois, il cria plus haut encore :

— Mulet, fais ton devoir !

Cette fois, il tomba quelque chose sur le tablier, mais, ce n’était ni de l’or ni de l’argent !