Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/92

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Iann se remit en route. Après avoir marché toute la journée, sous un soleil brûlant, à la chute du jour, il entra encore dans une auberge, au bord de la route, et demanda à manger et à loger, comme la veille. Il soupa bien et dormit dans un bon lit ; il déjeûna encore, le lendemain matin, et demanda son compte, avant de se remettre en route.

— C’est quinze francs, lui répondit l’hôtelier.

— Je suis un pauvre soldat, qui revient du service, et la paye du soldat, vous le savez, est bien peu de chose ; j’ai pour toute fortune, en ce moment, un sou, une chique de tabac et un morceau de pain de munition, et je vous les offre, pour prix de votre hospitalité.

— Je ne me paie pas de cette monnaie-là, répliqua l’hôtelier ; tous les jours, il passe par ici des gens de votre sorte, et si je n’avais pas d’autres pratiques, je serais bien vite réduit à aller mendier mon pain. Payez-moi, en bon argent, comme je vous ai servi de ce que j’avais de meilleur.

— Je vous offre tout ce que je possède, mon sou, ma chique de tabac et mon morceau de pain de munition.

— Ta ! ta ! ta ! cela ne se passera pas ainsi, et je vous trouverai un logement gratis, pour la nuit, mon garçon.