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brisa son enseigne et en mit une autre à sa place, plus modeste, et où l’on lisait seulement ces deux mots : Éloi, maréchal-ferrant. Il se convertit aussi au christianisme, car il était païen, et devint un grand saint, fort honoré en Bretagne, et ailleurs aussi (i).


____________(Conté en 1874 par M. Flagelle, de Landerneau.)



(i) Saint Éloi est l’objet d’un culte particulier et très-répandu en Basse-Bretagne. On l’invoque surtout comme protecteur des chevaux, et, le jour de sa fête, et la nuit qui précède surtout, on voit sur les routes de longues files de chevaux se dirigeant vers les nombreuses chapelles qui lui sont consacrées, dans le pays. On les asperge et lave avec de l’eau de la fontaine du saint ; on leur en fait boire aussi, et on suspend aux murs de la chapelle, à l’intérieur, des crins arrachés à leurs queues, et souvent même des queues entières. Les mêmes pratiques superstitieuses ont lieu pour les bœufs et les vaches, dans les chapelles dédiées à saint Cornéli, ou Corneille, à Carnac, par exemple, et à saint Herbot, près de Huëlgoat.

J’ai vu, il y a une dizaine d’années, dans l’église du Ploëgat-Moysan, près du Ponthou (Finistère), une statue de saint Éloi qui traduisait, aux yeux la légende que l’on vient de lire. Il y était figuré, en effet, en maréchal-ferrant, les manches retroussées, les bras nus, portant un tablier de cuir et tenant sur l’enclume un pied de cheval détaché de l’animal et auquel il adapte un fer. Le cheval lui-même était à côté, s’appuyant sur trois pieds seulement.

Dans nombre d’églises ou de chapelles de Basse-Bretagne se voit encore la représentation de cette scène, entre autres dans la jolie chapelle dédiée à saint Éloi, dans la commune de Louargat, au pied de la montagne de Bré.